LA SOLITUDE
LA SOLITUDE
La solitude est souvent perçue négativement dans nos sociétés modernes hyper connectées.
Et c’est pourtant un élément essentiel pour s’extraire des « dix mille » distractions et des préoccupations éphémères.
La solitude nous offre un espace pour se reconnecter par la véritable nature de notre l’Esprit et par le Tao, la Voie.
Il est dit : « le sage se retire et c’est ainsi qu’il progresse ».
Le concept de Wu Wei, « le non-agir » est central dans le taoïsme. Wu Wei ne signifie pas l’inaction totale, mais plutôt une action en accord par le flux naturel des choses.
Nous devons accepter les moments de solitude comme une partie naturelle de l’existence.
En pratiquant le « non-agir », nous apprenons à être en paix par nous-mêmes, à apprécier le silence et à trouver la sérénité dans l’absence d’activité.
Lao-Tseu explique : « le Tao ne fait rien, mais rien n’est laissé de côté ».
En se retirant dans la solitude, on peut observer les rythmes naturels de la vie, sans interférence, apprenant ainsi à agir en harmonie par eux.
Ces périodes de solitude nous permettent de nous détacher des ambitions et des désirs artificiels en cultivant une présence sereine et consciente.
La nature est un modèle et un compagnon précieux dans la pratique de la solitude.
En se retirant dans la nature, nous pouvons ressentir directement la grandeur et la simplicité du Tao.
Les montagnes, les rivières et les forêts deviennent des lieux de méditation et de contemplation ou la solitude nous permet de nous reconnecter aux forces naturelles.
La solitude nous permet de retrouver et cultiver ce calme intérieur, cette ouverture du Cœur qui sont autant d’éléments essentiels pour un bon rééquilibrage de nos énergies.
En effet, en étant seul face à nous-mêmes, nous pouvons méditer, contempler et trouver la paix intérieure, loin des distractions et des influences extérieures.
La solitude nous permet de « suivre sa propre nature ». Elle nous permet de sonder nos désirs, nos peurs et nos motivations profondes.
C’est un espace de liberté personnelle où nous pouvons être authentiques et véritables.
Lorsque nous nous retrouvons seuls, face à nous-mêmes, sans information extérieure, sans portable ni écouteur, nous nous mettons à « l’écoute de notre âme », cette parcelle de Dieu qui nous habite.
Le Ciel aura tôt fait alors de nous envoyer « des perches de Vie », des « intuitions de Vie » qui nous permettront d’avancer sur le Chemin.
Marcher seul en plein air, se laisser imprégner par les sons et les lumières, nous permet d’atteindre un état de « zénitude », qui est sans doute l’un des meilleurs remèdes offert par la nature.
François Cheng de l’Académie française nous a livré à ce propos cette sublime citation :
« La solitude n’est pas une absence, mais une présence invisible qui nous relie à l’âme du monde. Elle est une source de créativité et de renouvellement intérieur, un espace où l’âme peut dialoguer par elle-même et par l’infini ».
Et dans son livre, les « Cinq méditations sur la beauté » :
« Il existe deux formes de solitude : la solitude subit et la solitude choisie. La première est l’isolement qui engendre souffrance et désespoir, tandis que la seconde, et la solitude créatrice, celle qui nous permet de retrouver notre essence et de communier par l’univers ».
« Comment pouvons-nous apprécier les bienfaits de la solitude, si nous ne sommes pas en paix par nous-mêmes ».
En effet, il y a la solitude du dépressif qui ne fait que ruminer, ressasser le passé, ne voir que le côté « sombre de la force ».
Il est grand temps à ce moment-là de se reprendre en main, de se remettre à lire des textes de « philosophie de la vie ».
Il est grand temps aussi de remettre à jour toutes nos pratiques, de se créer des rituels de vie, de remettre à l’ordre du jour la notion de régularité, élément essentiel pour retrouver son équilibre : manger, se coucher et se lever aux mêmes heures. Pratiquer les Qi Gong, la marche consciente, la relaxation, la méditation.
Un dépressif a tendance à ne plus respirer. La simple pratique de la respiration consciente des dizaines de fois dans la journée suffit à recharger la batterie.
Une fois que la jauge de cette batterie remonte dans le vert, nous passons de la phase d’autodestruction à la phase d’autoguérison.
Et très rapidement, nous allons nous réapproprier ces moments de solitude qui permettent de nourrir notre Yin et d’éviter que notre Yang, notre mental, nos émotions ne s’échappent du corps et nous tiennent en esclavage.
Quels seront les critères de votre future guérison ?
C’est lorsque vous reprendrez plaisir à observer les arbres, les rivières, les dix mille choses qui vous entourent.
Lorsque vous reprendrez plaisir à entendre le « murmure de cette nature ».
Vous serez sur la voie de la guérison lorsque le champ de votre conscience ne sera plus assombri par l’excès de pensées, d’émotions, de réminiscences qui vous empêchent d’être en contact par la véritable nature de votre être.
Je vous livre ici une autre clé indispensable pour apprécier la solitude : c’est « l’amour de soi ».
Il faut bien évidemment ne pas la confondre par « l’amour narcissique ».
Cet amour excessif et déformé de soi-même, cette vision exagérée de ses propres capacités et de son importance, ainsi que cette dépendance aux compliments et à l’admiration des autres, entraînent une incapacité à reconnaître ou à se soucier des sentiments d’autrui.
Les selfies et les images partagées sur les réseaux sociaux ne sont que le reflet de ces tendances, qui ne peuvent conduire qu’à des problèmes relationnels et à une fragilité émotionnelle.
Le véritable concept « d’amour de soi » est tout autre.
C’est une acceptation profonde, une reconnaissance de son propre être. Cela implique d’avoir de l’empathie et d’être compréhensif envers soi-même dans les moments de souffrance et d’échecs.
D’accepter ses propres imperfections et limites sans jugement. De prendre soin de ses besoins physiques, émotionnels et spirituels de manière équilibrée.
L’amour de soi permet alors de transformer la solitude en une expérience enrichissante et épanouissante.
Plutôt que de se critiquer ou de se sentir abandonné, on peut se réconforter et se rassurer, trouvant ainsi du réconfort dans la solitude.
Et n’oubliez pas : vous êtes seuls face à vous-même dans le ventre de votre mère et au moment de votre passage.
Notre maître nous a légué dans son testament philosophique la phrase suivante :
« Vous accepter vous-même, vous aimer, vous respecter. Sachez dire « oui » ou « non ». Soyez attentif à vos impressions intérieures et appréciez-les. Soyez à l’aise par vous-même quand vous êtes seul ».
Et pour conclure, je ne peux que vous citer cette magnifique chanson de Georges Moustaki, « Ma solitude » dont voici les paroles :
Pour avoir si souvent dormi
Avec ma solitude,
Je m’en suis fait presque une amie,
Une douce habitude.
Elle ne me quitte pas d’un pas,
Fidèle comme une ombre,
Elle m’a suivi çà et là
Aux quatre coins du monde.
Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude.
Quand elle est au creux de mon lit,
Elle prend toute la place
Et nous passons de longues nuits,
Tous les deux face à face.
Je ne sais vraiment pas jusqu’où
Ira cette complice.
Faudra-t-il que j’y prenne goût
Ou que je réagisse?
Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude.
Par elle, j’ai autant appris
Que j’ai versé de larmes.
Si parfois je la répudie,
Jamais elle ne désarme.
Et, si je préfère l’amour
D’une autre courtisane,
Elle sera à mon dernier jour
Ma dernière compagne.
Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude.
ARTICLE DE JEAN PELISSIER
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